Le BIM
BIM en rénovation : jusqu’où faut-il aller ?
Longtemps réservé aux projets neufs, le BIM (Building Information Modeling) s’impose aujourd’hui dans le domaine de la rénovation. Face à des bâtiments anciens, souvent complexes et peu documentés, la maquette numérique peut offrir un véritable levier de précision, de coordination et d’anticipation. Mais jusqu’où faut-il pousser son usage ?

Un outil pertinent dans l’existant
En rénovation, les imprévus sont fréquents : absence de plans fiables, structures déformées, réseaux désorganisés, matériaux inconnus. Le recours au BIM permet de centraliser l’ensemble des données dans une maquette évolutive, intégrant les caractéristiques du bâti existant, les hypothèses de transformation et les interfaces techniques. Il facilite le dialogue entre les intervenants, en phase de conception comme en phase chantier.
Une première étape incontournable : la modélisation du réel
L’utilisation du BIM en rénovation nécessite en amont un relevé précis du bâtiment. Cela peut passer par une campagne de scan 3D, de photogrammétrie ou des relevés manuels, selon le budget et la finesse attendue. Ce travail initial représente un investissement significatif, qu’il faut ajuster aux objectifs du projet :
- Pour une rénovation partielle ou énergétique, une modélisation simplifiée est souvent suffisante.
- En revanche, pour une réhabilitation lourde ou une opération en site occupé, un niveau de détail élevé (LOD 300 et plus) peut s’avérer indispensable
Des cas d’usage concrets
Le BIM en rénovation n’est pas un simple outil de dessin, mais un support à la décision et à la coordination. Il permet notamment
- D’évaluer plusieurs scénarios de travaux sur la base d’un même modèle
- De simuler les performances énergétiques et comparer les gains attendus
- De préparer les interfaces techniques (réseaux, structure, second œuvre)
- De détecter les conflits avant chantier et limiter les reprises
- De constituer un DOE numérique à jour, utile pour la gestion future du bâtiment
Une démarche à calibrer selon le projet
La mise en œuvre du BIM doit rester proportionnée à la complexité du projet, aux enjeux techniques et aux attentes des maîtres d’ouvrage. Il n’est pas toujours pertinent d’aller jusqu’à une modélisation exhaustive. Dans certains cas, une maquette partielle ou une maquette « à usage unique » (conception ou exécution) suffit. L’important est d’adapter la stratégie BIM aux besoins concrets du chantier et aux ressources disponibles.
Le BIM en rénovation est un levier de rigueur et d’efficacité, à condition d’être bien dimensionné. Il permet d’anticiper les aléas, de mieux coordonner les intervenants et de fiabiliser la prise de décision. Sa mise en œuvre doit cependant rester ciblée, et reposer sur une analyse fine des objectifs, du budget et du niveau de précision nécessaire.